Georges Perec. La contrainte du réel, Amsterdam/Atlanta, Rodopi, 1999, 418 blz..
Jongleur virtuose de mots et de formes, observateur attentif de son époque, conteur intarissable, Georges Perec (1936-1982) est un écrivain dont la renommée ne cesse de croître auprès d’un public très diversifié, en France et à l’étranger. La discrétion et l’humour de Perec ont pu masquer en un premier temps le véritable enjeu de son oeuvre. Depuis le milieu des années quatre-vingt, on voit cependant se développer une sensibilité accrue à la place que l’Histoire tient dans l’oeuvre de cet auteur, né en 1936 à Paris, dans une famille d’immigrants d’origine juive polonaise. Cet ouvrage retrace d’une part l’élaboration progressive de la poétique perecquienne qui s’est nourrie des expérimentations littéraires et des échanges intellectuels au sein de l’Oulipo. D’autre part, il confronte ce projet d’écriture à l’analyse de trois textes narratifs, Un homme qui dort, W ou le souvenir d’enfance et Un cabinet d’amateur. Ecrire est, selon Perec, un jeu qui se joue à deux, entre l’écrivain et le lecteur. Une fois qu’il s’est laissé séduire par les énigmes de ces textes, le lecteur doit accepter de suivre Perec à tâtons dans les méandres de son labyrinthe. Ce n’est que lorsqu’il consent à s’associer patiemment au mouvement de l’auteur qu’il comprendra ce autour de quoi tournent ces textes et vers quoi, sans cesse, ils retournent.