‘Hauteurs désertifiées, plaines surpeuplées. Pierre Bergounioux et Koos van Zomeren, chroniqueurs des métamorphoses rurales en France et aux Pays-Bas’
Les réformes agraires des dernières décennies du vingtième siècle ont changé de façon irréversible certaines régions rurales en Europe. A l’exception de quelques métrapoles, la France a échappé à une urbanisation sauvage mais elle a vu certaines de ses contrées, le ‘rural profond’, tomber dans une désertification non moins inquiétante. La campagne néerlandaise, uniformément plate, d’étendue relativement réduite, s’est par contre de plus en plus peuplée. Si de nombreux paysans ont quitté leurs fermes, et sont partis pour les villes, certains villages ont été envahi par des citadins à la recherche de biens devenus rares – le silence et la nature. Cependant, l’espace entre les villes s’étant couvert d’un dense réseau routier, le bruit et l’impact de la ‘civilisation’ ne peuvent guère être ignorés. Le développement d’une agriculture environnementale, chargée d’entretenir l’espace, risque de parquer ce qui reste de la population paysanne dans des réserves, gardiens de ce qu’ on a pris l’habitude de désigner comme la ‘nouvelle nature’.
J’aborderai ici la métamorphose dysphorique de la campagne européenne par le biais d’une comparaison entre deux ouvrages, Le chevron (1996) de Pierre Bergounioux et Een jaar aan scherven (Une année éclatée, (1998) de Koos van Zomeren. Le chevron est un texte-essai consacré à la Corrèze, pays natal de l’auteur. Een jaar in scherven a la forme d’un journal intime doublé d’un retour au pays des origines et d’une chronique familiale.
Lien: Pierre Bergounioux et Koos van Zomeren
Pour citer cet article:
Manet van Montfrans, ‘Hauteurs désertifiées, plaines surpeuplées. Pierre Bergounioux et Koos van Zomeren: chroniqueurs des métamorphoses rurales en France et aux Pays-Bas’. In John.D. Erickson & Sylviane Coyault (Eds.), L’esprit créateur, La terre dans le roman contemporain (pp. 22-34). University of Kentucky: Lexington, 2002.